samedi 10 mars 2007

Israël s’inquiète du déploiement de roquettes par la Syrie, une « réelle menace stratégique »

Les missiles peuvent atteindre la plupart des villes du nord de l’État hébreu

Israël s’inquiète d’un déploiement ces derniers mois par la Syrie de milliers de roquettes de moyenne et longue portée pouvant atteindre la plupart des villes du nord d’Israël.

Des responsables militaires et gouvernementaux israéliens ont confié que ce déploiement, qui s’ajoute à d’autres informations sur des mouvements de troupes en Syrie, constitue pour Israël une indication sur des préparatifs syriens en vue d’une « guerre limitée ». « Nous avons relevé que la Syrie a déployé ces derniers mois des centaines et peut-être des milliers de roquettes de moyenne et longue portée le long de la frontière (avec Israël) », a affirmé un responsable militaire israélien. « Ces roquettes sont dissimulées dans des souterrains et des silos camouflés, qui sont difficiles à localiser », ajoute-t-il. Ces responsables, qui se sont exprimés sous le couvert de l’anonymat, affirment que la Syrie a construit un système de tunnels fortifiés le long de sa frontière avec Israël.

Les roquettes de 220 mm ont une portée de 70 kilomètres, tandis que celles de 302 mm peuvent dépasser 100 kilomètres, ce qui expose les habitants des villes du nord d’Israël comme Tibériade et Kyriat Shmona. Les roquettes de longue portée peuvent également frapper la troisième ville d’Israël, Haïfa, et sa zone industrielle qui abrite notamment des raffineries et un port. La Syrie aurait également déployé des lances-roquettes FROG d’une portée de 70 kilomètres, équipés de charges de 550 kilogrammes, entre Damas et la frontière avec Israël, sur une quarantaine de kilomètres.

Pour Israël, ce déploiement massif est une « réelle menace stratégique ». « Le président syrien Bachar el-Assad a pris conscience après la dernière guerre au Liban qu’Israël n’était pas aussi fort qu’il y paraît et pouvait être menacé par des moyens militaires simples plutôt que par une armée moderne », observe le directeur du Centre Begin-Sadate d’études stratégiques, Ephraïm Inbar. M. Inbar est convaincu qu’ « Assad prépare son armée à une guerre limitée, une sorte de guerre d’usure avec Israël, durant laquelle la Syrie lancera quelques roquettes contre le territoire israélien sans pour autant déclencher une guerre totale ». « La Syrie investit ces dernières années sur un terrain où elle peut avoir l’avantage sur Israël : DCA, roquettes, missiles et bunkers. La guerre au Liban de l’été dernier lui prouve qu’elle a bien fait », estime un responsable militaire. Des responsables gouvernementaux ont par ailleurs affirmé que la Syrie était sur le point d’acheter à la Russie des milliers de roquettes antichars, comme celles utilisées pendant la guerre par le Hezbollah contre les blindés israéliens.

Le chef des Renseignements militaires israéliens, le général Amos Yadlin, a estimé lors d’un récent Conseil des ministres que la probabilité d’une guerre déclenchée par la Syrie restait faible, mais qu’une réaction militaire syrienne à des mouvements de troupes israéliennes était par contre très envisageable. Fin décembre, le ministre de la Défense israélien, Amir Peretz, avait fermement démenti des informations publiées par les médias israéliens sur l’éventualité d’une guerre avec la Syrie pour l’été 2007 à la suite de déclarations syriennes sur une éventuelle option militaire pour récupérer le plateau du Golan occupé par Israël depuis 1967.

Le Premier ministre israélien, Ehud Olmert, a récemment rejeté plusieurs appels à la négociation lancés par le président Assad, soulignant que cette offre ne pourra être prise au sérieux que si Damas cesse son soutien militaire au Hezbollah et au Hamas. Les négociations entre Israël et la Syrie sont gelées depuis 2000. Damas réclame la restitution du plateau du Golan annexé en 1981. Plus de 15 000 Israéliens y sont installés.

Source : L'Orient Le Jour