La formation intégriste affirme entraîner des Palestiniens pour combattre « les juifs en Palestine »
Le groupuscule islamiste Fateh el-Islam, qui reconnaît des affinités idéologiques avec el-Qaëda, entraîne de jeunes Palestiniens dans le camp de réfugiés de Nahr el-Bared, au nord de Tripoli, pour combattre « les juifs en Palestine ».
« Notre premier objectif est de combattre les juifs en Palestine. Nous voulons y implanter la bannière de l’islam », affirme Abou Sélim, porte-parole de Fateh el-Islam, au correspondant de l’AFP, Négib Khazzaka.
C’est dans un terrain aménagé près de la côte que ce groupuscule inconnu jusqu’à son apparition en novembre à Nahr el-Bared (22 000 habitants), à 92 km de Beyrouth, entraîne de jeunes Palestiniens. Des barbus armés de lance-roquettes antichars ou de fusils-mitrailleurs paradent à l’abri des regards, en compagnie d’Abou Sélim, qui cache son visage derrière un keffieh rouge et blanc. L’entraînement se déroule de préférence à la nuit tombée, près d’une permanence étroitement gardée par des sentinelles armées, habillées de noir. Dans un hangar sont entreposées des armes de gros calibre, des orgues de Staline, des canons, des jeeps.
Fateh el-Islam, qui compte quelque 150 militants dont des Arabes ayant combattu en Irak, est le mieux armé parmi les formations traditionnellement présentes à Nahr el-Bared. Son dirigeant, Chaker Absi, et de nombreux cadres étaient affiliés au Fateh-intifada, un groupe palestinien basé à Damas, avant d’entrer en dissidence.
Selon le ministre de l’Intérieur, Hassan Sabeh, des membres de ce groupuscule, de nationalité syrienne, ont reconnu avoir perpétré le double attentat qui a tué trois personnes dans des bus le 13 février à Aïn Alak. « Ceux qui croient dans la primauté de l’islam sont attirés par notre jihad. Ils viennent suivre une formation militaire et écouter nos précepteurs », explique Abou Sélim.
Des « lionceaux »
Il assure que nombreux jeunes de Nahr el-Bared et des autres onze camps de réfugiés palestiniens disséminés au Liban ont adhéré à son groupe. Quand on demande à de jeunes écoliers, des « lionceaux » réunis dans un local du groupe, qui sont les ennemis de Fateh el-Islam, la réponse fuse : « Tous ceux qui ne croient pas dans le Coran et la charia. » Ayman, cartable à la main, est « fasciné » par la rhétorique religieuse et le dynamisme des islamistes. « La permanence est sur le chemin de l’école, j’y entre à l’aller et au retour », affirme-t-il.
Selon des habitants du camp, Fateh el-Islam disposerait d’importants moyens financiers qui lui donnent une grande capacité de recrutement. « L’attrait de l’islam est la raison de l’adhésion des jeunes en dépit de l’hostilité affichée des organisations rivales laïques », réplique Abou Sélim. Fateh el-Islam a adopté comme emblème un drapeau noir sur lequel est inscrit en jaune « Il n’y a de Dieu que Dieu et Mahomet est son prophète ». Il n’affiche pas le drapeau palestinien de tout temps arboré par les formations nationalistes et laïques membres de l’OLP.
Abou Sélim reconnaît une « analogie » entre Fateh el-Islam et el-Qaëda, tout en niant « tout lien organisationnel » avec le réseau terroriste d’Oussama Ben Laden. « Nous n’avons aucune relation organisationnelle avec des mouvements qui mènent le jihad, el-Qaëda ou autres, mais il existe une analogie entre nos doctrines et nos méthodes », affirme-t-il. Il estime que son organisation est la cible d’une « campagne calomnieuse visant à dénaturer son action ». « Tantôt on nous traite d’instruments des services de renseignements syriens, tantôt d’auteurs d’un attentat commis au Liban et tantôt de membres d’el-Qaëda », déplore-t-il.
Source : L'Orient Le Jour